claude 2
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19 novembre 2006

à propos de la chanson INTIFADA ...

Vendredi (17 novembre), lors du Récital au Café Littéraire du Fontanil, ma chanson "Intifada" a reçu un accueil inhabituel : une écoute maximale - je pourrais presque dire "religieuse" -  de celles qui poussent les artistes à se donner à fond, sans mégoter sur l'intensité émotionnelle. Je termine figé, tête basse, laissant filer les dernières notes de l'accompagnement et surprise : applaudissements réduits ! En gros, la moitié des spectateurs qui applaudissent fort, et les autres qui ne bougent pas. Malaise ...
Il me faut 2 / 3 chansons pour "digérer le coup", et l'humour de l'Asticot, assaisonné de l'humanisme de "Couleur Café", remettent complètement le train sur les rails, et ça monte, ça monte, ça monte .... jusqu'au "je vous tends la main" du parti des "je t'aime".
Mais je ne fais pas trois pas dans le public que je suis pris à partie (très correctement) par une spectatrice, qui m'avoue avoir failli quitter la salle en entendant "Intifada". Bien sûr, nous avons pris le temps de discuter, j'ai pu lui exprimer le sens que je mets dans cette chanson, et tout s'est bien terminé. Mais je crois que cette dame m'a exprimé ce que pensaient tous ces spectateurs qui ont mal accueilli cette chanson.

Alors, je ressens le besoin de faire une mise au point. "Intifada" n'est pas une chanson partisane, elle n'est écrite ni pour les uns, ni contre les autres. Ce qui m'a amené à son écriture, c'est le fait que des enfants, en âge des miens, en viennent à se faire sauter avec des bombes. Mais comment peut-on en arriver là !
Le travail que je développe dans le cadre des Projets "Prévention de la Violence" m'a fait toucher du doigt qu'il n'y a qu'un profond désespoir qui puisse être à l'origine de tels errements. Ma chanson est une chanson sur la désespérance :

"Pour toi enfant de Palestine,
 l'avenir se construit amer
 aux décombres d'un champ de ruines
 béantes aux confins du désert"

Et sur la peur et la colère :"colère de peur de ta misère, colère de peur de ta colère", et sur cet enchaînement infernal où les colères, les souffrances, les peurs et les humiliations se conjuguent les unes aux autres, s'amplifiant mutuellement à chaque fois
: "alors enfant de Palestine, humilié au fond de ta chair".

Et ma peur, c'est que dans ces quartiers bien de chez nous, ceux que l'on qualifie de "difficiles", un jour, à force de ne pas avoir su - ou voulu, ou osé -  poser les actes qui redonnent de la perspective, qui redonnent du sens, la désespérance en arrive à ce point ultime qui est atteint, là-bas, en Palestine.

Je crois qu'écrire et chanter cette chanson est pour moi le moyen de vivre avec cette peur, et de la contenir.

Aors pourquoi, ce vendredi soir, au Fontanil, une partie du public n'a pas perçu cela ? Différence de composition sociologique par rapport au public habituel ? Contexte actuel ?

Je crois que dorénavant, je dirai quelques mots, avant, ou après, ou avant et après, pour que cette chanson nous unisse sur ce que nous avons certainement en commun : des peurs.