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Bonjour les amis !

mes coups de coeur,
mes états d'âme du 1er janvier 2012
       

Les précédents "coups de coeurs et états d'âme"

Comme une envie de changer la vie …

1er janvier 2012, la journée des vœux. Au moment de formuler les miens (voir), aucune allusion à l’élection présidentielle d’avril-mai prochain. Bien moins par soucis de dépolitiser les souhaits pour l’année à venir que par conviction que tout est déjà joué : aucun espoir que cette échéance permette de « changer la vie ». Or c’est de cela dont je ressens le besoin …

Pourquoi cette envie de changer la vie ?

Je ne souffre de rien : ma santé est bonne, je suis entouré, compagne aimante, famille unie, amis fidèles.
Je ne manque de rien : mes moyens sont suffisants pour me permettre de couvrir des besoins que je m’efforce sans difficultés de contenir dans les limites du raisonnable.
Mon pays n’est pas en guerre, le climat quoique déréglé est agréable à vivre, je me sens relativement à l’abri des risques de catastrophes naturelles ou technologiques.
Je me réalise en écrivant, en chantant, en jouant sur des scènes diverses.
Mes quotidiens sont bien plus empreints de sérénité que de peurs, j’arrive plutôt bien à juguler mes angoisses.

Alors pourquoi avoir envie de changer ? Là est bien la question essentielle à laquelle il faut répondre pour être au clair sur ses motivations, ses engagements. Sur les fondements des idées que l’on peut être amené à exprimer.

Pour désigner ce qui ne me convient pas, ce qui provoque chez moi un degré de mal-être suffisant pour générer une forte envie de changement, je pourrais utiliser les termes de « déshumanisation progressive » de la société. J’entends par là essentiellement trois traits qui caractérisent l’évolution actuelle de notre société :

- le creusement des inégalités sociales : plus les écarts deviennent importants, plus les liens deviennent difficiles. Donc plus l’humanité régresse.

Le succès du film « Intouchables » me semble révélateur : le « bon peuple » trouve dans ce si joli conte de fées de quoi se rassurer, parce qu’il découvre l’image d’une humanité possible là où il ne saurait l’imaginer. Mais ce n’est qu’un conte de fées. Et à aucun moment la question des inégalités sociales qui apparaissent pourtant gigantesques n’est abordée …

- la progression de l’individualisme et les pertes de biens communs (« biens » pris dans son sens le plus large, allant bien au-delà des seuls aspects matériels) : destruction des services publics, mais aussi progression des intolérances, recul des solidarités constructives, remplacées par la multiplication des appels à faire œuvre de charité (Téléthon, etc …)

- la « technologisation » croissante : en s’appuyant sur la dimension séduisante de gadgets en tous genres, le lien humain est remplacé progressivement par de la technologie. Je vis de plus en plus mal le démarchage par appels téléphoniques intrusifs contre lesquels il n’existe à l’heure actuelle aucun moyen efficace de se protéger, les plates-formes téléphoniques sur lesquelles on tombe lorsque l’on s’adresse à une administration, les conversations  téléphoniques privées qui me sont imposées parce que j’ai le tort de me trouver dans les parages, le "tout Internet" de certains, etc …  Dernier exemple en date : ma petite-fille reçoit comme cadeau de Noël de ses parents un « réveil pédagogique », permettant de se familiariser avec l’affichage de l’heure. Ce qui n’était pas prévu, ni annoncé sur l’emballage, c’est la présence d’un Tamagoschi intégré ! Impossible à  désactiver, bien évidemment ! … Soyons clairs : je ne suis pas opposé au progrès technologique. Mais quand il vient mettre à mal la dimension humaine, qu’elle soit éducative ou autre, je n’ai qu’une seule envie : m’en protéger.

Retour sur les présidentielles

Je suis résigné : que ce soit
Hollande ou Sarkozy qui sorte du chapeau, je sais déjà que la politique qui sera menée ne répondra pas à mon besoin de changer la vie. Qu’on ne vienne pas me raconter que je vais un peu vite en besogne en pronostiquant que l’un ou l’autre sera président de la République. Le système institutionnel est ainsi fait que seule la « sage alternance » est tolérable. Entre le rôle des médias qui font prévaloir le poids de l’image sur les idées, les dénigrements à l’égard des « petits candidats » qui, par le seul fait de se présenter, porteraient la responsabilité de « faire perdre leur camp » en risquant d’éliminer  « le candidat du 2ème tour », le martelage des « idées bien pensantes » à longueur d’antennes, que reste-t-il comme possibilités qu’il en soit autrement ?
La démocratie est malade, elle n’est plus que de façade. Il paraît que plus de 50% des électeurs ne se retrouvent ni dans Hollande, ni dans Sarkozy, cela n’empêche pas ces deux là d’être les seuls à concourir pour la gagne.

Donc, vraiment plus envie de jouer à faire semblant, ni de faire semblant de jouer, … donc rien dans mes vœux sur le sujet. Parce que je n’en attends plus rien. Parce que je sais déjà que ni l’u, ni l’autre n’envisagerait, ne serait-ce qu’une seconde, de s’aventurer à proposer, par exemple :

- une sortie progressive (mais bien réelle !) de l’économie du système concurrentiel : condition indispensable pour quitter la spirale de l’accroissement des inégalités (depuis combien de décennies toutes les mesures générant de l’inégalité sont-elles prises au prétexte de répondre aux « contraintes du marché » ?)

- une intégration aux différents niveaux de l’organisation sociale (école, entreprise, services sociaux, culture, …) d’une promotion généralisée de la dynamique collective : pédagogie de la prise de décision collective, valorisation des initiatives collectives, etc …

- la mise en place d’un observatoire des progrès technologiques (sociologues, représentation citoyenne, etc …) : toute avancée technologique ferait l’objet d’une étude visant à en identifier les effets secondaires néfastes, et à définir les conditions de son utilisation, avant toute commercialisation.

Rien de tout cela, parce que cela viendrait télescoper tant de fonctionnements actuels … ayons la sagesse de ne pas se risquer au-delà de la gentille alternance …

Cela dit, il faut être réaliste : combien sommes-nous à être prêts à avancer dans de telles directions (ce qui supposerait vraisemblablement d’accepter quelques renoncements, mais n’y a-t-il pas tant de futilités dans notre quotidien …) ?

Sûrement qu’une (petite ?) minorité.
Donc il ne serait pas juste de revendiquer qu’une telle politique soit menée.

Alors, tant qu’à faire des vœux « politisés », permettez-moi simplement de formuler celui-ci : que nous soyons un peu plus nombreux au terme de l’année qui commence aujourd’hui à avoir l’envie de changer la vie et la détermination à le faire.
Ensemble, évidemment..
Ce qui suppose donc ouverture aux autres, largesse de l’esprit, démolition des chapelles et paroisses étroites où les certitudes ne rassurent que ceux qui les professent …

Utopique ? Sûrement pas.
Ambitieux ? Je le crains …

Que l'année vous soit bonne.

Claude