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Bonjour les amis !

mes coups de coeur,
mes états d'âme du 7 juillet 2014
       

Les précédents "coups de coeurs et états d'âme"

Mon ami Raoul

Parler de Raoul Tartaix est à la fois facile et délicat.

Facile tant il est plaisant d'évoquer cet ami dont la générosité, l'attention aux autres, et les valeurs de ses engagements débordaient largement de sa chevelure abondante et de sa barbe foisonnante, avant que la maladie les réduisent au strict minimum. Mais, vieux farceur, c'est que ça repoussait, nous laissant croire que tu avais gagné un combat de plus.
Délicat parce que les mots ne pourront jamais suffire, parce que les plus belles phrases ne seront jamais à la hauteur de celle de ce petit monsieur - mais quel grand bonhomme ! - au regard malicieux, aux exigences forgées dans ces années de labeur. Le souci de la perfection, lui, l'homme de l'ombre, pour que d'autres s'affichent en pleine lumière.
Je l'ai connu en salopette descendant de son tracteur, pour venir à ma rencontre, et d'une large poignée de main, ramassant un bouquet de ces haricots griumpants qu'il distribuait généreusement autour de lui.
Je l'ai connu autour de la table, une bouteille de Mâcon blanc ouverte sur la table, et au deuxième verre, nous commencions déjà à refaire le monde.
Je l'ai connu nous accompagnant, sa femme Marie-Claude et moi lors de nos représentations de "Du côté de chez Ferré" : avec pas grand chose, deux bouts de ficelle, quelques mètres de tissus, trois tringles mais en puisant sans retenue dans ce trésor de savoir-faire, d'imagination et surtout de sensibilité qu'il trimballait partout avec lui, il nous arrangeait de ces éclairages d'une délicatesse, d'une justesse qui nous coupaient le souffle. La vieille salle de classe de Tourtre, dans le Vercors, où d'un paravent déniché dans un coin de la pièce il a fait naître un voile de lumière rouge nappant la scène d'un mélange de force et de douceur, propice pour que les mots de Léo prennent leur envol. La grange de La Loue habillée d'une boîte noire. La scène de l'Espace Théâtre de la Fête de l'Huma. La salle des fêtes de Moras et tant d'autres lieux souvent anonymes, qu'il éclairait de sa joviale bonhommie.
Je l'ai connu à notre table, sachant faire honneur aux plats, aux vins, pour des moments d'échanges qui resteront gravés au plus profond de moi.
Je l'ai connu élu municipal, responsable de la commission culturelle construisant une programmation avec un soucis perpétuel de faire venir le plus de monde possible sans céder à la facilité des spectacles grands publics, accueillant les artistes comme autant de soeurs et de frères.

Partout, et à chaque fois, sous des habits différents, la même humilité, la même simplicité, et la même force de ses convictions.

C'est maintenant que tu n'es plus parmi nous que je prends conscience de la chance que j'ai eue de te connaître et de partager des instants de vie avec toi.

Merci, Raoul !