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claude 2
Bonjour les amis !

mes coups de coeur,
mes états d'âme du 20 mars 2016

       

Les précédents "coups de coeurs et états d'âme"

Des roitelets d'un temps jadis
texte délibérément pamphlétaire à l'encontre de ces maires qui se croient investis du pouvoir de rayer de la carte les communes dont ils ont la charge sans même demander l'avis de leurs manants

oh là là, je vous prie de m'excuser pour cette faute, le "d" s'est échappé du clavier, je voulais écrire "mandants",
quoique ...

Les roitelets sont des hommes bons. Ils font le bien. Pour eux, mais aussi et surtout pour les autres.
Ils sont certes assez petits - dans tous les sens, d'ailleurs - c'est pour cela qu'ils ne sont que roitelets, ce qui est déjà pas si mal et surtout réservé aux hommes bons - et encore pas à tous. Parfois, il leur arrive de rêver qu'un jour ils seront plus grands, qu'ils seront rois. Carrément ! Enfin, ils rêvent pour s'amuser, ils savent bien que pour devenir roi, il ne suffit pas de grandir. Encore faut-il avoir de la carrure.

Les roitelets ont des sujets. Quelques-uns de discorde, rarement de débat. Ils ont surtout un très grand nombre de sujets qu'en certaines circonstances, ils nomment manants (sans le "d"). Plus souvent à voix basse qu'à voix haute, parce que les roitelets ne sont pas que des hommes bons, ils sont aussi prudents. La plupart du temps.

A la différence de leurs sujets, les roitelets sont savants. Ils savent parce qu'ils ont beaucoup appris. En principe. S'ils n'ont pas vraiment appris, ils savent simplement parce qu'ils sont roitelets, et que les roitelets sont savants. Par définition. Comme les sujets ne sont pas savants, ils ne connaissent pas les définitions. Donc le fait d'être savant pour un roitelet ne peut être contesté. Si jamais un sujet accède à un certain niveau de savoir, il perd sa considération de manant. Il ne devient plus rien, ce qui est vraiment pire que d'être maanant, parce qu'un manant n'est pas seulement ignorant : il est aussi considéré comme sujet. Ce qui n'est pas rien. A ce titre, il peut être convié. 

Le sujets sont conviés de temps à autre par les roitelets pour qu'ils puissent leur expliquer tout le bien qu'ils font pour eux et tout le mal qu'ils se donnent pour cela. Comme ils savent que les sujets ont une intelligence très réduite, ils sollicitent à la fois leur perception visuelle (au moyen de diapositives) et leur perception auditive en lisant à voix haute ce qui est écrit sur les photos projetées. Malgré cela, les sujets ne comprennent pas tout. C'est dans ces occasions que les roitelets font preuve de leur plus grande bonté : ils autorisent les sujets à leur poser des questions. La plupart du temps, les roitelets ont préparé à l'avance les réponses, alors ils les donnent, avec un sourire pour manifester ouvertement leur très grande humanité. Si malencontreusement ils sont confrontés à une question qu'ils n'ont pas prévue, ils ont le choix entre le silence, renvoyer à une prochaine fois, dire qu'ils vont étudier le sujet, piquer une colère, etc ...

Si jamais quelques manants souhaitent aller au delà de poser des questions, c'est à dire émettre un avis, ou inciter à débattre, alors les roitelets dans leur très grande bonté remettent le sujet égaré dans le cadre prévu ; par exemple en disant que les sujets ne sont pas là pour tenir des tribunes. Comme les manants sont ignorants, ils ne savent pas ce qu'est une tribune. Donc ils ne peuvent rien dire, ils se la ferment et rentrent, penauds, dans leur coquille. Pour le bien de tous. Les trublions - manants d'une espèce heureusement assez rare que l'on pourrait définir par "encore plus manants que les simples manants" - peuvent aussi venir en aide aux roitelets, pour éviter que le climat dégénère en s'orientant vers du débat (quelle horreur !) : par leurs invectives, ils créent de la tension dans l'assemblée, ce qui peut gêner le sujet, et pas du tout les roitelets. Parce que les roitelets sont d'esprit guerrier.

La guerre pour les roitelets fait partie de leur raison d'être. Quand la guerre vient à manquer, ils ont tout le savoir nécessaire pour en créer une nouvelle. Comme la "guerre des territoires". Les sujets, ignorants comme il a été expliqué plus haut, peuvent avoir une aspiration bien malsaine à vivre en paix. Heureusement, les roitelets sont là pour les remettre dans le droit chemin, celui du combat, de la vive concurrence, de la recherche de la gagne, qui a deux avantages considérables pour les roitelets : d'une part, cela peut décupler les énergies et d'autre part, cela assure que les manants resteront manants, trop occupés qu'ils sont à s'engager dans le combat. Pour gagner la guerre des territoires, les roitelets passent des alliances, par lesquelles ils mettent en commun leurs légions de manants. Pour que tout se passe au mieux, ils expliquent qu'il est très important de se grouper : c'est vital, c'est moderne, c'est un art de vivre ensemble tout à fait appréciable. Les sujets ne perçoivent pas la contradiction entre les deux discours, celui de la guerre des territoires, et celui du regroupement des légions : ce qui est logique puisqu'ils sont ignorants.

Les roitelets ont une cour. Elle est constituée des sujets inscrits sur la liste de cour. Il nous faut évoquer ici le miracle de la cour, qui n'a rien à voir avec la cour des miracles : avant d'être admis à la cour, les sujets sont manants, donc ignorants. Une fois admis, ils sont au moins un peu savants. Ou alors c'est ce que les roitelets leur font croire. Les gens de cour se prennent parfois à rêver qu'un jour, ils seront roitelet à la place du roitelet, ou se contentent de l'aura et de la protection que leur offre le fait d'évoluer dans l'ombre du roitelet. Il arrive malgré tout que certains désertent la cour : il paraîtrait (le conditionnel s'impose car pour qui se prendrait-on à s'exprimer par l'affirmative ?) que ces désertions se produisent lorsque les sujets de cour comprennent qu'ils ne sont pas à cette place pour faire valoir le peu qu'ils connaissent. Mais ce ne sont que des rumeurs de cour.

A propos de rumeur, nous avons cru entendre récemment que dans leur infinie bonté, les roitelets auraient supprimé un mot du dictionnaire des royaumes, de peur qu'il ne déclenche des polémiques qui, n'en doutons pas, seraient fortement préjudiciables à tous : il s'agirait du mot "notable".

Les roitelets semblent parfois agir au nom d'un droit divin. C'est souvent l'impression qu'ils donnent, en évoquant d'implacables fatalités auxquelles il n'est pas possible de se soustraire. Comme ils s'abstiennent, avec raison, de toute référence explicite à quelque religion que ce soit, il est difficile de cerner ce que recouvre cette notion du divin. Sans aucune prétention à approcher quelque vérité que ce soit, il nous semble possible d'émettre l'hypothèse que le Dieu qui guide les pensées et actes des roitelets porterait ce nom plutôt barbare : "Néo libéralisme".

Dans les pages de certains journaux, les roitelets sont qualifiés de visionnaires. Ce qui n'est pas faux : ils voient loin, très loin, bien plus loin que les sujets. Il est cependant regrettable que les journalistes - probablement pas assez savants - n'aient pas pris la peine de préciser que si les roitelets voient loin, ils ont le regard rivé au rétroviseur.

Claude
Paroles de roitelets

- il n'est pas possible de consulter la population parce que les gens ne peuvent pas comprendre.

- la démocratie participative, je suis pour, mais il n'en faut pas trop.